dimanche 31 décembre 2017

RÉTRO 2017 - L'ANNÉE DU SQUASH FRANÇAIS, DEUXIÈME PARTIE

La période des fêtes est traditionnellement l'occasion de revenir sur les douze mois écoulés.Même si elle ne s'est pas terminée comme on aurait pu l'espérer au championnat du monde par équipe, l'année a néanmoins été très riche pour le squash français, aussi bien dans l'hexagone qu'à l'échelle internationale. Nous vous proposons une rétro de 2017 à travers deux temps forts par mois. Deuxième et dernière partie aujourd'hui ...

 Article de Jérôme Elhaïk

Retrouvez la première partie : RÉTRO 2017 - L'ANNÉE DU SQUASH FRANÇAIS, PREMIÈRE PARTIE


JUILLET

Crouin, pour tout l'argent du monde

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Même s'il a été battu en finale par Marwan Tarek, la médaille d'argent de Victor Crouin (en rouge) au championnat du monde junior n'en demeure pas moins historique pour le squash Tricolore (Crédit photo : WSF World Junior Squash)
Certes, il aura « seulement » égalé Isabelle Stoehr, Grégory Gaultier et Camille Serme, les trois autres Tricolores qui avaient avant lui atteint la finale du championnat du monde junior. Mais Victor Crouin peut être fier de son parcours en Nouvelle-Zélande, que ses supporters ont suivi malgré le décalage horaire. Après trois premiers tours expéditifs, le Toulonnais se retrouve opposé en quart de finale à Aly Hussein, un Égyptien peu connu mais qui a sorti l'un des favoris au tour précédent. Après une première manche serrée, Crouin fait parler « (ma) vitesse de jeu et (ma) précision » et s'impose 3 jeux à 0. Les choses (très) sérieuses commencent en demi-finale avec le Jordanien Mohammad Al Sarraj, qui a déjà remporté plusieurs titres sur le circuit international et fait partie du top 100 mondial. Mais le Français réalise un match proche de la perfection. « Plus constant, plus complet, plus frais… bref, plus tout que le Jordanien, » selon son entraîneur Renan Lavigne, Crouin s'impose en quatre jeux et est le premier Européen à rallier la finale depuis les Anglais Willstrop et Barker en 2002. « Vu mon niveau actuel, je crois à 200 % en mes chances, » disait-il après sa victoire. Le dernier jour, il retrouve Marwan Tarek, qui a sorti en demi la tête de série n°1. Le premier jeu, perdu 11-9 par Crouin après une très grosse bataille, va peser lourd dans la balance. Le Toulonnais va égaliser deux fois (1-1 puis 2-2), mais craque dans le money-time. « Des émotions nouvelles, uniques et merveilleuses sont apparues aujourd’hui. Marwan les a mieux gérées, bravo à lui. » admet-il, beau joueur. « Mais cette semaine a été magnifique, et j’ai encore beaucoup appris. Je suis un peu déçu, mais fier de ce que j’ai accompli. »

La France domine les Jeux Mondiaux

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La délégation Française était rentrée de Pologne avec trois médailles (Crédit photo : Fédération Française de Squash)
Le squash français a brillé de mille feux en Pologne, où avaient lieu fin juillet les Jeux Mondiaux, sorte de mini-JO réservé aux sports non olympiques, et dans lesquels la petite balle noire faisait escale pour la cinquième fois. Tête de série numéro 1 du tableau féminin, Camille Serme avait en ligne de mire une potentielle finale contre sa bête noire Nicol David (19 défaites en… 19 matches). Mais la Malaisienne, qui avait remporté les quatre premières éditions, aura été sortie à la surprise générale en demi-finale, par Joey Chan. La joueuse de Hong Kong avait elle-même frôlé l'élimination au tour précédent face à Coline Aumard, pas loin d'un bel exploit sur ce coup là. Serme n'allait ensuite laisser aucune chance à Chan en finale, comme elle l'avait fait avec ses quatre adversaires précédentes. Après une médaille de bronze en 2013, la Française étoffe encore un peu plus son palmarès, à 28 ans. Pas d'or chez les garçons, mais tout de même deux Bleus sur le podium ! Grégoire Marche a connu une superbe semaine, en battant deux joueurs mieux classés que lui dans la hiérarchie mondiale - Max Lee et Diego Elias – avant de chuter en finale contre le favori, Simon Rösner. L'Allemand avait battu un autre Français en demi, Mathieu Castagnet. Mais ce dernier, marié à la récente retraitée des courts Laura Pomportes depuis quelques jours, allait compléter la moisson de médailles tricolore, obtenant le bronze grâce à une superbe victoire contre Elias.
mais aussi...
Quelques jours après Mélissa Alvès, Sébastien Bonmalais remporte à son tour son premier tournoi sur le circuit international, à Gibraltar … Comme prévu, le championnat du monde junior féminin a été compliqué pour des jeunes Françaises inexpérimentées au plus haut niveau. Toutes battues au premier tour dans l'épreuve individuelle, Maingot, Fuhrer, Segers et Mourier terminent ensuite 13ème dans le tournoi par équipe.

AOÛT

Le sixième sens de Camille Serme

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Philippe Signoret - Camille Serme, un duo qui gagne (Crédit photo : Philippe Signoret)
Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'Angleterre accueillait les championnats d'Europe individuels pour la première fois fin août, et pour diverses raisons ses représentants avaient été presque totalement absents des précédentes éditions. Celle-ci fût un succès en termes d'organisation (« Il faut les féliciter, » dira l'entraîneur national Philippe Signoret, « car ils ont redonné des couleurs à ce championnat. »), mais aussi sportif pour le pays hôte avec la victoire de James Willstrop chez les hommes. L'ancien numéro 1 mondial a été le bourreau des Bleus tout au long de la semaine : après avoir logiquement battu Sébastien Bonmalais puis Lucas Serme, il a causé une petite surprise en venant à bout de Grégory Gaultier après une finale longue de cinq jeux. Pour l'anecdote, c'était la première défaite du Français dans un match en trois jeux gagnants depuis … janvier ! Mais la France n'est pas repartie sans or, car Camille Serme s'est montrée intraitable, confirmant son titre aux Jeux Mondiaux. Certes, un sixième sacre européen consécutif était attendu pour la Cristolienne, compte tenu du niveau de la compétition. Mais au-delà ses victoires, elle a impressionné par l'implication mise dans chacun de ses matches, ne laissant aucune chance aux quatre joueuses qui ont croisé sa route. À l'image d'une finale expédiée en 25 minutes, avec seulement sept petits points concédés à l'Anglaise Tomlinson. « L'objectif était d'être concentrée du début à la fin, sur chaque échange, » indiquait Signoret, « afin de garder une qualité de jeu correspondant à son classement, sans prendre en compte celui de son adversaire. Objectif atteint. » Même si elle affirme « ne pas trop penser à (mes) résultats et aux titres que je gagne, » Serme continue de se construire un joli palmarès, en attendant d'atteindre ses objectifs ultimes : le titre de championne du monde et la place de numéro 1 mondial.

Le nouveau Masotti est arrivé

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Baptiste Masotti (à droite) avait idéalement lancé sa saison en Finlande (Crédit photo : PSA World Tour)
Quelques semaines plus tôt, Baptiste Masotti confiait que son séjour et sa victoire au tournoi de Tahiti début juin l'avaient transformé, et que sa malédiction dans les finales était derrière lui. Le pensionnaire du Pôle France d'Aix-en-Provence a joint les actes à la parole dès son premier tournoi de la saison, en Finlande. Après trois premiers tours parfaitement gérés contre des joueurs plus jeunes que lui, il retrouvait en finale le très expérimenté Kristian Frost. Impressionnant de détermination et de maîtrise, Masotti s'impose en 3 jeux, avec une explosion de joie après la balle de match qui en disait long sur sa motivation. « C'est une victoire qui me permet de parfaitement lancer la saison, » fût sa première réaction. « J'ai effectué une très bonne préparation, même si j'ai eu quelques soucis personnels. Ce titre, il est très important, pour moi et pour mes proches. Le fait de l'avoir fait en ne perdant aucun jeu, c'est très encourageant pour la suite, mais ce n'est pas une fin en soi. Il faut que je conserve cet état d'esprit et cette envie de gagner. Je sens que je suis plus relâché depuis quelques temps, et j'ai envie de faire une grosse saison. » Avec ce succès - son deuxième sur le circuit international, en neuf finales - Masotti allait intégrer le top 100 mondial quelques jours plus tard, une première pour lui.
mais aussi …
Le 1er août, Grégory Gaultier égale Thierry Lincou au nombre de mois passés en haut de la hiérarchie mondiale (14). Il le dépassera un mois plus tard.

SEPTEMBRE

Entre Marche et Nantes, l'histoire d'amour continue ...

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À Nantes, le spectacle est aussi bien sur le court qu'en dehors ... (Crédits photo : Lauranne et Philippe Rochais)
Annoncé comme l'évènement de la rentrée, le 3ème open de Nantes a tenu toutes ses promesses. Même si les organisateurs accordent une grande importance aux animations autour du court, c'est avant tout une compétition sportive. La fait marquant est donc la victoire de Grégoire Marche, dont le nom est toujours le seul à figurer au palmarès du tableau masculin. « Je ne sais pas si on peut dire que c'est un exploit, » disait-il après sa victoire en finale contre Nicolas Mueller, « car c'est seulement un 25 000 $. Mais c'est une grosse satisfaction, d'autant plus que j'étais favori cette année. Il se passe vraiment quelque chose de fort entre le public et moi. Jouer dans une ambiance pareille, ça donne des frissons. » Le natif de Valence n'était pas passé loin de voir sa série de victoires à Nantes s'arrêter à 11, car le Suisse avait pris le dessus avant que le Français n'inverse la tendance dans les quatrième et cinquième jeux. « J'ai battu trois joueurs – Chris Simpson, Mazen Hesham et Nico – qui ont un niveau top 20 mondial, c'est donc un tournoi qui lance parfaitement ma saison. » La joie de Marche contrastait avec la détresse de son partenaire en équipe de France Mathieu Castagnet. Alors qu'il se faisait une joie de disputer un tournoi en France, il avait dû abandonner en quart de finale, une nouvelle fois trahi par son mollet. Déception également pour l'autre tête d'affiche Tricolore Coline Aumard, battue au même stade du tournoi par la Canadienne Hollie Naughton après un match en forme de montagnes russes, où elle s'incline 12-10 au cinquième jeu ... Fiona Moverley remporte le tournoi féminin, dont le prize money en forte hausse en fait l'un des plus importants en Europe. Pour l'Anglaise, « Nantes est clairement le plus beau tournoi de cette catégorie sur le circuit actuellement. Je n'avais jamais joué devant autant de monde auparavant ! » L'affluence est l'un des gros motifs de satisfaction des organisateurs : plus de 4000 spectateurs, soit plus que lors deux premières éditions. Le court vitré a été la scène d'un véritable show, animé par les DJ perchés sur des échafaudages à 6 mètres de haut, les spectacles de danse entre les matches, sans oublier l'éléphant mécanique en promenade sur le site des Machines de l'Île. Quant au passage du tournoi dans une autre catégorie, le directeur du tournoi François Lejort ne l'envisage pas « sans l'aide des professionnels du squash. » Tous - Professional Squash Association, World Squash Federation, Fédération Française de Squash – étaient sur place pour assister à cet évènement dont tout le monde parle. La PSA avait même dépêché les équipes de SquashTV, dont la présence - exceptionnelle pour un tournoi de cette envergure - lui assure une exposition internationale. Elles seront certainement de retour en 2018, mais où ? Le Jort a déjà dans un coin de sa tête le prochain lieu d'accueil, mais pour en savoir plus, il faudra attendre encore un peu ...

Mulhouse sur le toit de l'Europe

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Or pour les garçons et bronze pour les filles de Mulhouse à la Coupe d'Europe des Clubs (Crédit photo : L'Alsace)
Pour la première fois de son histoire, l'équipe masculine de Mulhouse est devenue championne d'Europe des clubs. L'aboutissement d'une aventure débutée à la fin des années 2000, et initiée par le président-manager Thierry Jung. « Paderborn a huit titres de champions d'Europe. Ce club, c'est la Mecque du squash, et gagner ici, devant 600 personnes et dans une ambiance incroyable, on ne pouvait pas rêver mieux... » Après avoir survolé les rencontres précédentes (un jeu perdu en seize matches), les Alsaciens retrouvaient donc les Allemands en finale. Après la superbe victoire du vétéran Finlandais Olli Tuominen (38 ans) contre Raphael Kandra en trois jeux, et la belle résistance d'Alan Clyne face à Simon Rösner (1-3), Baptiste Masotti était opposé à un joueur certes habitué de l'épreuve mais inférieur sur le papier. Il ne laisse pas passer l'occasion et offre la Coupe d'Europe à son équipe, pour sa première année au club. « Nous avons une belle équipe au sein de laquelle il règne une super ambiance, » disait-il quelques minutes après sa victoire.  « Ce titre est également pour Thierry (Jung), qui y tenait tellement, mais aussi pour notre capitaine Mathieu Castagnet (absent pour cause de blessure). Même si il n'est pas la, il est champion d'Europe avec nous. C'est lui qui s'assure que l'esprit d'équipe perdure dans ce groupe. » Mulhouse est la deuxième équipe française à remporter le titre chez les hommes, après Capitol Saint-Cloud (cinq fois vainqueurs entre 1992 et 2002). Le triomphe aurait même pu être total pour le club Alsacien, les filles passant à deux doigts d'éliminer Paderborn en demi-finales, avec deux défaites 11-9 au cinquième jeu pour Sarah-Jane Perry et Cyrielle Peltier. La troisième place obtenue est néanmoins synonyme de septième podium consécutif pour la capitaine Isabelle Stoehr et ses camarades.
mais aussi ...
Après ses médailles d'or aux Jeux Mondiaux et au championnat d'Europe, la Française Camille Serme a vu sa série de victoires s'interrompre en demi-finale de l'open de Chine contre Nouran Gohar … La délégation Tricolore repart avec six médailles du championnat d'Europe vétérans en Pologne : la championne du monde +50 ans Mylène de Muylder confirme avec un premier sacre européen. Les autres podiums ? Jean-Jacques Pineau (2ème, +50), Thierry Scianimanico (3ème, +50), Claire Bryars (3ème, +60), Jérome Serusier (3ème, +40), Caroline Grangeon (3ème, +35)... Deuxième titre en carrière pour Auguste Dussourd au Brésil. Le Cristolien a su gérer la chaleur et la pression inhérente à son statut de favori... Grégory Gaultier ne défendra pas son titre à San Francisco, le numéro 1 mondial ayant annoncé son forfait pour le NetSuite Open en raison d'une blessure à la cheville.

OCTOBRE

Le squash rêve d'olympisme

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Camille Serme (au centre) est très impliquée dans la campagne olympique de son sport (Crédit photo : Camille Serme)
Même si elle était attendue, l'annonce de l'attribution des Jeux Olympiques 2024 à Paris a fait la une de l'actualité début septembre. La famille du sport français dans son ensemble s'est évidemment félicitée de cette nouvelle, y compris le monde du squash. La discipline sera-t-elle enfin intégrée au programme olympique ? La visite de la ministre des sports Laura Flessel à Créteil début octobre, à l'occasion d'une rencontre du critérium Île-de-France, et notamment du match entre Johan Bouquet et Camille Serme, peut être vue comme un signe positif. « Je suis raisonnablement confiant, » répète régulièrement Jacques Fontaine, président de la Word Squash Federation. Celui qui est également membre du CNOSF estime « que le squash mérite de devenir olympique, et c'est le sentiment qui prédomine parmi les acteurs de la discipline. Nous devons néanmoins oublier le passé et nous concentrer sur la nouvelle candidature qui est en préparation. Celle-ci était un élément essentiel de mon programme ainsi que le renforcement des relations avec le secteur professionnel de notre sport. » Deux jours avant l'annonce de Lima, la WSF et la Professional Squash Association (PSA) indiquaient avoir signé un protocole d'accord, dont l'objectif est d'établir une stratégie commune pour l'avenir du squash à l'échelle planétaire. Même si la décision du CIO ne devrait pas être rendue avant 2020, certains ont pris les devants, à l'image de Camille Serme. Si la numéro 1 Française brille avant tout par ses performances sur le court, son engagement pour le développement de sa discipline est également sans faille. Fin octobre, elle organisait au Squash Club de Saint-Cloud une soirée intitulée 'Le squash en route pour Paris 2024', dont l'objet était de promouvoir l'intégration au Jeux de Paris. Des invités prestigieux issus du monde sportif, des médias, et des dirigeants d'entreprise étaient de la partie, dont plusieurs médaillés olympiques. « Ce fût une très bel événement, qui je l'espère en appellera d'autres. Le squash mérite d’etre olympique, à nous de le faire savoir ! » indiquait Serme. 

Énora Villard brille à la maison 

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Malgré sa défaite en finale contre Tinne Gilis (à droite), Énora Villard a vécu une belle semaine à Créteil (Crédit photo : Codep Squash 94)
Énora Villard n'a pas rejoint Coline Aumard au palmarès de l'International du Val-de-Marne. Mais la pensionnaire de l'US Créteil, qui évoluait à domicile, peut être satisfaite de son tournoi. Notamment l'avant-dernière journée, qui restera sûrement dans sa mémoire. Le jour de ses 24 ans, elle avait sortie sa compatriote Chloé Mesic (tête de série 1) en quarts, puis l'Anglaise Grace Gear à l'issue d'un combat acharné. Pour sa deuxième finale sur le circuit, la Française effectue le lendemain une entame catastrophique contre la jeune Belge Tinne Gilis, «  paralysée par les émotions. » « J'ai ensuite réussi à me lâcher et à jouer à mon niveau. » Le gain du troisième jeu ne sera pas suffisant face à une Tinne « très solide qui a mieux géré le match que moi. Bravo à elle pour son premier titre. Quant à moi, j'aurais préféré terminer le tournoi d'une autre façon, mais je suis tout de même satisfaite de mon parcours et motivée pour repartir à l'entraînement. » Son entraîneur Philippe Signoret livrait une analyse lucide sur les performances de sa protégée, tout en retenant le positif. « Énora a fait preuve de beaucoup de courage alors qu'elle aurait pu perdre cette finale en un temps record. Elle a puisé à l'intérieur d'elle-même pour pousser son adversaire à la faute, et trouver enfin de la longueur. Malgré la défaite, c'est une belle semaine : Énora n’a pas réussi à maintenir le niveau qu’elle a atteint récemment, mais elle a su à chaque fois réagir pour atteindre la finale, et pour faire vibrer son public. » Depuis, la Parisienne a confirmé ses bonnes dispositions dans des tournois plus huppés, et va atteindre au 1er janvier le meilleur classement de sa carrière.
mais aussi ...
Il n'y avait aucun représentant français en quart de finale de l'US Open : après le forfait de Grégory Gaultier (toujours en délicatesse à la cheville), Camille Serme a perdu son titre en s'inclinant au deuxième tour contre Joelle King. Une première pour elle en World Series depuis ... août 2014 ! … Premier titre européen pour le Tarbais Roméo Bily (-13 ans) en Suède … Les favoris répondent présents lors de la première journée des Interclubs, alors que Toulon s'incruste sur le podium chez les hommes.

NOVEMBRE

Les jeunes Français sur la pente ascendante

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Auguste Dussourd (en rouge) avait remporté à Château-Arnoux le troisième titre de sa carrière, et un autre allait suivre début décembre (Crédit photo : Hibouweb)
Renan Lavigne parle souvent de l'écart (trop) important qui existe entre les quatre meilleurs joueurs Français et les autres. Mais la montée en puissance de plusieurs jeunes pourrait lui permettre d'installer une concurrence à moyen terme. « On a besoin que d'autres joueurs montrent le bout de leur nez et créent une émulation, sinon ceux qui sont en place peuvent se reposer sur leurs lauriers,» disait l'entraîneur national il y a quelques semaines. « On sent en effet un frémissement ces derniers temps, tous les jeunes du pôle France d'Aix progressent au classement, que ce soit Benjamin Aubert, Sébastien Bonmalais, Victor Crouin ou Baptiste Masotti. Je n'oublie pas Auguste Dussourd, qui a remporté plusieurs tournois et a effectué un bond au classement. » Notamment celui de Château-Arnoux début novembre, où le joueur de Créteil s'imposa après une rude bataille contre Victor Crouin. Dans le même temps, Sébastien Bonmalais remportait son deuxième titre au Guatemala. Au total, les Français ont remporté huit titres depuis le début de la saison 2017-2018, ce qui les place en deuxième position dans ce domaine derrière l'Égypte. La majorité de ces tournois sont certes des 5 000 $, mais tous ces joueurs commencent à se distinguer sur des épreuves plus huppées : pour preuve, la présence d'Aubert et Masotti en demi-finale à Niort, ou encore la qualification de ce dernier et de Dussourd pour le tableau principal du championnat du monde quelques semaines plus tard. On devrait retrouver au classement du 1er janvier six joueurs (les cinq précités plus Enzo Corigliano, qui a franchi un cap cette saison) âgés de 18 à 22 ans classés entre la 75 et la 150ème place mondiale. De quoi voir l'avenir en Bleu ...  

Hong Kong réussit à Lucas Serme

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Poussé par un clan français survolté, à l'image de sa soeur Camille, Lucas Serme a réalisé une grande performance contre Omar Mosaad à Hong Kong (Crédit photo : SquashSite)
Pour Grégory Gaultier et Camille Serme, atteindre les huitièmes de finale des tournois World Series est une habitude. Mais le frère de la numéro 1 française, Lucas, a réalisé un exploit pour atteindre ce stade de la compétition à Hong Kong, en sortant l'ancien numéro 3 mondial Omar Mosaad, demi-finaliste de l'US Open quelques semaines plus tôt. Ce tournoi lui réussit bien, puisque le joueur de l'US Créteil y avait décroché la plus grande victoire de sa carrière il y a deux ans en battant Borja Golan, avant d'être battu par … Mosaad. Serme confirmera même cette performance au tour suivant, en tenant tête à l'homme fort du circuit à l'heure actuelle, Mohamed El Shorbagy. Ce tournoi est à marquer d'une pierre blanche pour la famille Serme : même si elle s'est inclinée en demi-finale contre Raneem El Welily à l'issue d'un beau combat, Camille avait auparavant battu sa bête noire absolue, Nicol David, après une série de 19 défaites consécutives. De son côté, Grégory Gaultier avait été sorti en quart de finale par Marwan El Shorbagy, le numéro 1 mondial affirmant après-coup qu'il allait « maintenant s'efforcer de sortir de cette passe difficile. » 
mais aussi ...
Quelques jours avant Hong Kong, Gaultier avait effectué un beau retour après sa blessure, en atteignant les demi-finales au Qatar (battu par Mohamed El Shorbagy)... Si la victoire de Victor Crouin au championnat de France -19 ans à Nancy constitue une ligne de plus sur son palmarès, c'est un premier titre national pour Maëlle Fuhrer … Mulhouse a pris seul la tête de Nationale 1 hommes, Toulon et Aix sont en embuscade. Chez les femmes, on retrouve comme d'habitude Mulhouse et Créteil aux avants-postes. 

DÉCEMBRE

La désillusion des Bleus

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Grégoire Marche à terre, comme un symbole d'une équipe de France qui est tombée de haut face à Hong Kong (Crédit photo : Philippe Rochais)
Sur la lancée de leur titre de champions d'Europe au printemps, l'équipe de France rêvait d'or mondial à Marseille. Battus par Hong Kong en quart de finale, les Bleus sont tombés de haut, alors que l'Égypte a survolé la compétition, confirmant son statut de super puissance de la discipline. Les joueurs de l'équipe de France et leur entraîneur Renan Lavigne ne s'en cachent pas : même s'ils se méfiaient des joueurs de Hong Kong, la défaite face aux Asiatiques en quart de finale a été une immense déception : pour la première fois depuis 2001, la France était absente du dernier carré mondial. « Ce que j'ai vécu à Marseille est l'une de mes plus grandes désillusions en onze années de présence en équipe de France, » n'hésite pas à dire Mathieu Castagnet avec quelques semaines de recul. « Après la défaite, j'ai vécu les 48 heures les plus longues de ma carrière... Le pire, ça a été d’accepter de voir ces tribunes remplies de Françaises et Français venus supporter une équipe qui était absente des demi-finales.  » L'entraîneur national Renan Lavigne avance plusieurs explications. « Il y a d'abord la performance des joueurs de Hong Kong, notamment Tsz Fung Yip qui a joué "dans la zone." De notre côté, on a été en dedans. Mathieu (Castagnet) est miné par les blessures depuis un an et demi. Il doit se débarrasser des pensées négatives qui lui polluent l'esprit, et va entamer un travail mental spécifique pour y parvenir. Concernant Grégoire Marche, il est capable de beaucoup mieux que ce qu'il a montré contre Leo Au. » L'ancien numéro 17 mondial évoque également des raisons « liées au contexte. Ne pas avoir de tournoi majeur en France nous pénalise, car nos joueurs ne sont pas habitués à gérer un gros événement à la maison. » Dès le lendemain, les Bleus avaient dû se remobiliser pour battre l'Écosse, avant d'aller chercher la cinquième place contre la Nouvelle-Zélande, sans Grégory Gaultier. « Greg a été irréprochable sur le court toute la semaine, pour lui c'est dur de jouer la cinquième place alors qu'il est au sommet du squash mondial depuis tant d'années. » ajoute Lavigne. « Mais c'était important de montrer qu'on pouvait gagner sans lui. » Même s'ils ont de nombreuses échéances sur le circuit individuel d'ici là, les Bleus auront certainement à cœur de rebondir au championnat d'Europe par équipe, au printemps prochain.

Gaultier et Serme au pied de la pyramide

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Battus en demi-finale par les deux futurs vainqueurs, Grégory Gaultier et Camille Serme étaient les derniers remparts contre la domination Égyptienne (Crédit photo : SquashSite)
Comme en 2016, la France a été le dernier bastion de résistance contre l'armada Égyptienne au championnat du monde individuel. Mais Camille Serme et Grégory Gaultier ont tous les deux dû rendre les armes en demi-finale, contre les futurs vainqueurs. Impressionnant lors des tours précédents, notamment contre Paul Coll en quarts, le French General s'incline contre Mohamed El Shorbagy, après un premier jeu de très haut niveau, mais perdu 12-10. Le Français accuse le coup ensuite, avant de refaire surface en milieu de troisième jeu, mais trop tard. « Je suis évidemment déçu du résultat, » dira Gaultier quelques heures après sa défaite, « mais Mohamed a été plus fort. Je vais maintenant retrouver ma famille (NDLR : sa femme a donné naissance à leur deuxième enfant pendant le tournoi) et prendre un peu de repos. La première partie de l'année a été extraordinaire pour moi, la seconde fût tout le contraire, c'est compliqué de lutter en permanence pour tenter d'être à son meilleur niveau. » Il fait référence aux pépins physiques qui ont émaillé son début de saison. Mais cela avait déjà le cas en 2016-2017, et on connaît la suite ... On le retrouvera au Tournament of Champions à la mi-janvier. Même sort pour Camille Serme quelques heures plus tard. La Française était pourtant en confiance après une victoire très convaincante au tour précédent contre Joelle King, mais n'a rien pu faire contre une Raneem El Welily très en verve, aussi bien en attaque qu'en défense. Presque tout le temps derrière au score, Serme s'est battue jusqu'au bout, mais quelques fautes à des moments importants lui ont coûté cher. « Ce ne sera pour cette fois, » a-t-elle déclaré. « La déception est grande, je pensais vraiment que cette année serait la bonne. Mais une nouvelle fois, Raneem était sur mon chemin, et quand j'y réfléchis, je me dis qu'elle m'a barré la route de nombreuses fois depuis les juniors ! J'espère qu'elle a raison quand elle dit que je vais parvenir à décrocher ce titre un jour ... » Le mois de janvier sera chargé pour la numéro 3 mondiale, avec deux World Series : le Saudi PSA Masters, puis la défense de son titre au ToC.
mais aussi …
Il ne se passe plus une semaine sans qu'un Français ne remporte pas un tournoi sur le circuit international : à Berlin, Auguste Dussourd bat Benjamin Aubert en finale, lequel s'imposera quelques semaines plus tard à Riccione. Entre temps, Victor Crouin avait remporté son deuxième titre à Cleethorpes … Melvil Scianimanico remporte l'open de Suisse, en -13 ans, tout comme Ninon Lemarchand en -15 ans … Huit jours plus tard, la joueuse de Mulhouse récidive au championnat de France, alors que chez les garçons le Néo-Calédonien Brice Nicolas décroche son premier titre national pour son premier voyage en métropole. Succès de Thomas Mauras et Leelou Laporte en -11 ans. 

La rétro 2017 est terminée. Nous espérons que 2018 sera aussi riche pour le squash français, voire plus. Ça commencera fort dès le début de l'année, avec le British Junior Open (3-7 janvier), où Victor Crouin rêve de décrocher le titre avant de s'envoler pour les États-Unis et Harvard la saison prochaine. Il y aura ensuite deux tournois World Series en janvier, dont le très prestigieux Tournament of Champions dans la Grand Central Station de New York.